C’est une question qui revient souvent lorsque l’on parle avec nos amis, qu’ils soient des adolescents ou des adultes, et qui pourtant montre bien la vision réduite que l’on peut avoir de l’intimité.

Quand on me pose la question, je réponds : « Ma première fois pour quoi ? Ma première fois à vélo ? Ma première dent? Ma première mauvaise note ? Mon premier baiser ? Mon premier je t’aime ? Ma première relation sérieuse ? »

Quand je réponds de cette façon, soit on me regarde avec de grands yeux, soit on me dit : « bah, ta première fois quoi, la première fois que tu as couché ! »

Cela montre bien qu’aujourd’hui, le terme « première fois » est grandement associé à la première pénétration, comme s’il y avait une course à celui ou celle qui le fera le plus tôt, ou au contraire, le plus tard. Comme si la pénétration était le but ultime de toute relation. De plus, cette question reflète bien l’hypergénitalisation de notre société, où tout passe par le sexe, et où la valeur de chacun est grandement imputée aux prouesses sexuelles.

Mais où est la magie ? Où est l’érotisme ? Où sont les émotions ?

Aujourd’hui, nous avons tendance à mettre en avant le « paraître » avant « l’être ». Est-ce réellement important de savoir quand le premier coït a eu lieu ? Est-ce que la relation n’est légitime que s’il y a eu cette « première fois », cette premier pénétration ?
N’est-il pas plus important de savoir quand nous avons senti une réelle connexion émotionnelle avec l’autre ? Quand nous avons réussi à nous montrer vulnérable pour la première fois ? Ou quand nous avons compris pour la première fois que nous accordions notre confiance à l’autre ?

Une constatation que j’ai pu faire en abordant ce sujet, c’est que de plus en plus de personnes banalisent cette première fois, assimilée à la première pénétration.
J’ai pu entendre ce genre de phrases :
– « Ma première fois, je l’ai fait avec quelqu’un dont je me fichais, pour m’entraîner, afin de ne pas décevoir le/la prochain(e). »
– « Ma première fois, c’était pour faire comme les autres, car j’étais le/la seul(e) de mon groupe d’amis à ne pas l’avoir fait. »
– « Ma première fois, on ne savait pas comment faire, donc c’était nul, j’en n’ai pas un bon souvenir. »

Plutôt que de chercher la beauté de l’instant, les premiers « je t’aime », les premiers baisers, les premiers sentiments, on veut tout de suite la première pénétration, au risque de provoquer du dégoût, de la douleur ou de la peur.

Il faut apprendre à dégénitaliser l’amour et les relations, sexuelles ou non.
N’est-il pas plus important de se sentir bien avec soi et avec l’autre, de pouvoir être soi-même, vulnérable et émotionnellement ouvert, plutôt que de poursuivre cette course au coït, à la performance ?

Nous avons tendance à nous souvenir des choses négatives, des échecs, ou des conflits / compétitions. Pourtant, les choses les plus simples et les plus anodines sont celles qui ont au final le plus d’importance.

« Si l’on pouvait identifier nos dernières fois avec autant d’évidence que nos premières, il est certain que des milliers de moments seraient vécus plus intensément. » – Maud Ventura

Il est temps d’apprendre à ne plus se centrer uniquement sur nos pulsions physiques, afin de pouvoir travailler sur nos émotions, pour pouvoir rajouter cette touche de magie qui nous manque cruellement. 

Aller vers l’éveil émotionnel, c’est ajouter une touche d’extraordinaire à l’ordinaire de notre quotidien. 

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